Une nouvelle mélodie
- Maéli
- 16 févr. 2022
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 févr. 2022
C’est incroyable comme la réalité est malléable.
Je fixe le plafond, le coeur pesant.
Vos voix me parviennent à travers la porte et je me demande si je serais jamais vraiment l’une des vôtres. Je me demande si c’est parce qu’on ne parle pas la même langue ou si c’est autre chose qui nous sépare.
Les larmes se penchent du bord de mes yeux. Elles contemplent le vide et mes pensées qui prennent des chemins inconnus.
Je me recroqueville sous la couette. Il fait froid.
Et je suis là. Entre ces voix et la lumière derrière la porte, l’obscurité, les ronflements d’un ange qui dort, mes pensées et ces émotions sans noms.
Je me demande si je serais jamais de ces gens à qui tout réussit, de ces gens qui ne s’inquiètent jamais car tout ira bien, de ces gens qui tombent sur la bonne personne au bon moment et qui ont des projets qui se réalisent.
Mes pensées m’en bouchent un coin. Alors j’en suis encore là ?
Ce disque, je le connais par coeur.
Ça me paralyse.
C’est marrant, la tristesse je ne la sens pas. Je suis anesthésiée d’elle. Et pourtant, il y a ses furtifs instants où je la sens prête à s’enfuir à torrents.
Ou alors c’est moi qui cherche à fuir cette disquette à tout prix. Parce qu’elle me brise le coeur.
Parce qu’elle me parle d’un océan en moi.
Parce qu’elle a des souvenirs qui me donnent envie de me recroqueviller sous la couette et de laisser la journée passer sans bouger un poil. Comme si, en échange d’être immobile, la vie pouvait m’oublier quelques instants.
Comme si j’allais pouvoir m’échapper à moi-même et à ce que je ressens.
Il fait noir et je devrais dormir mais je crois que ce soir je vais m’avancer dans mon obscurité. Je crois que je vais aller m’assoir sur la plage de cet océan pour savoir ce qu’il a à me dire.
Il fait froid, sur le rivage la nuit.
Et la mer va et vient et la mer me murmure mon coeur ouvert et mon coeur échoué, les illusions et les désillusions, les espoirs flambés sous mes yeux.
Elle me chuchote un syndrome de l’imposteur, une impression de jamais avoir fait assez, de jamais être assez, une impression de pas rentrer dans les cases et de pas pouvoir être aimée pour qui je suis. Une impression que le meilleur, le parfait, l’incroyable, c’est pour les autres et pas pour moi.
Elle me parle de mon coeur qui voudrait tout faire bien et surtout que mes parents soient fiers et surtout que les gens n’oublient pas que je les aime malgré mes rêves plus grands que moi ; les mots s’entrechoquent dans le murmure des embruns.
Les images, les sensations, les souvenirs se superposent et les mots de la mer deviennent grondement.
Je passe ma vie à me cacher car j’ai peur qu’on me voie pour qui je suis. Je passe ma vie à tenter de me montrer car j’ai tant à donner.
Il y a les tentatives de publications et les projets qui tombent à l'eau alors que je suis si prêt du but qui me rejaillissent sous le nez.
Et il y a tout le chemin que j’ai accompli et que je ne sais pas partager : les écrits, les concours, les peintures, la musique, la couture et tant de choses.
Je suis là sur le rivage, anesthésiée et ça me scie le coeur d’avoir tant donné et de peut être voir tout ça partir en fumée. Ça me scie le coeur de savoir qu’il y a une minuscule possibilité que l’on prenne une décision à ma place. Ça me scie le coeur de savoir que j’ai pu y croire et que j’y crois encore.
Mais ce qui me rend le plus triste c’est de savoir que malgré tout, je continuerai d’y croire. Que je m’assierais, que je recoudrais les morceaux, que je me relèverais et que j’avancerais à nouveau.
Que je continuerais d’y croire.
Un grain de sable dans un rouage et tout pars en vrille contrôlée. Bienvenue chez ma disquette rayée.
Alors ok. Il y a tout l’amour que j’ai donné, tous les projets avortés, tous les trucs tombés à l’eau pour des raisons qui m’appartenaient pas.
Ok. Il y a tout ce que j’ai envie de donner et de partager mais que je ne sais pas comment faire, il y a toutes mes insécurités et cette impression de ne pas savoir comment on fait.
Ok. Il y a le passé, les peurs, la tristesse, les soi disants erreurs et naïvetés. Ok.
Il y en aura peut être d’autre.
Mais il est temps de remplacer cette disquette. Il me faut une nouvelle musique d’ambiance.
Quelque chose de joyeux, de léger et de plein d’espoir. Quelque chose qui ne s’inquiète pas car il sait que tout ira bien, c’est écrit dans mon coeur et dans le ciel. Les étoiles sont alignées.
Une musique qui sait que même si je ne sais pas comment on fait, je saurais faire à ma manière. Qui sait prendre le temps et l’amour pour tisser ses toiles et ses rêves dans sa vie.
Une musique de fond qui sait que je mérite le meilleur, le plus grand, le plus beau, le plus parfait et que je l’aurais toujours ; que mon coeur est d’or que mon coeur est un trésor et qu’il est temps d’offrir ce que j’ai de plus beau et qu’il est temps de m’offrir mes rêves et que je ne crains rien à être qui je suis.
Une mélodie avec laquelle je reviens à la vie et j’ouvre mes ailes.
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