C'est si facile de se perdre dans la tempête.
Je soupire.
Je grelotte.
Il pleut depuis des jours. Le vent hurle et se heurte aux murs. Mes fenêtres aspirent le froid.
L'hiver est revenu.
Dis, tu crois que c'est le temps qui souffle qui hurle qui rage de voir ce que l'on fait de nos vies de nos amis de nos villes ?
Les cris du vent résonnent et je me demande ce que je fais au bout du monde, c'est quoi le sens de tout ça ; je me demande si je ne ferais pas mieux de rentrer auprès des miens.
Il y a des images qui passent sur les écrans et je me mets à pleurer. Il y a tous ces gens aux maisons détruites ici et là-bas, il y a ceux qui font les poubelles devant le supermarché du coin. Ils n'ont même pas l'âge de mon petit frère.
Mon coeur se brise et je m'échine sur des tableaux excel et je me dis que tout ça ne fait vraiment pas sens.
Je suis épuisée des traits tirés que je croise dans la rue, des statistiques qui parlent de catastrophes et de messieurs qui gesticulent à la télé et qui nous proposent que d'appliquer des solutions qui n'ont jamais donné de résultats à des problèmes très concrets.
Je rajoute un plaid à la collection de couvertures qui s'empilent sur mon corps.
Dis, tu penses que c'est ça, la vie ? Ce film qui change tout le temps mais qui se ressemble vaguement ? Ces coeurs éteints et ces corps éreintés ? Ces bâtiments à moitié détruits, ces solitudes qui se côtoient, ces chiffres qui dansent sur des écrans ?
La tempête fait rage et je crois qu'elle a bousculé mon coeur.
La tempête est retombée au matin pour me murmurer que, même avec la sensation d'être perdue, j'étais toujours sur le bon chemin.
Merci à toutes ces âmes, qui sans le savoir, ont réchauffé mon coeur attristé et fatigué.