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Un vide qui ressemble à un trop-plein

  • Photo du rédacteur: Maéli
    Maéli
  • 19 juin 2020
  • 3 min de lecture

Je suis allongée sur mon lit, sous la couette. Je respire calmement. Je suis épuisée.

Les mots me manquent, il y a un grand vide en moi ; mais un vide rempli de choses ineffables.

Un vide qui ressemble à un trop plein prêt à craquer. Viens on fait la liste. De tous ces trucs invisibles qui m'épuisent, de toutes ces émotions qui m'encombrent, de toutes ces valises que j'emporte avec moi, où que j'aille.

Viens on monte le son plus fort que raisonnable, viens on laisse nos chaînes sur le bord de la route, viens on se laisse emporter.

Mon navire coule sur l'eau. Ta voix est comme un ruisseau. Au loin, j'aperçois la source de mon cœur.

L'eau clapote. Je m'apaise. Le vent souffle dans mes cheveux. Je me sens déjà plus légère.

Je me retourne vers toi, pour croiser ton regard et le voir pétiller d'innocence, pour me rappeler que tu es bien là et qu'avoir confiance en la vie fait des miracles.

Un oiseau vole au dessus du fleuve. Si fragile. Il bat des ailes et je rêve de prendre mon envol à ses côtés. Trouver la source et le chêne mère de la forêt d'abord.

Mon chapeau menace de s'envoler avec un coup de vent joueur. D'une main assurée, je le retiens.

Je baisse les yeux et mon reflet retient mon regard. Il se floute, parfois ; mais la lueur au fond de mes yeux ne me trompe pas.

J'aimerais déposer dans le fleuve toute cette eau qui stagne en moi, toute cette bouillasse ; et ce chagrin qui s'est logé dans ma cage thoracique, qui s'y est noué comme à un port.

Les larmes viennent mouiller mon visage et les mots m'échappent. Le vent s'emmêle dans mes cheveux et j'aimerais ouvrir mon corps et lui dire lave-moi, prends tout ce qui me pèse où je me noierai.

C'est trop pour un seul homme.

C'est trop de chagrin, de colère, de frustration. C'est trop dur d'ouvrir les yeux, c'est trop, je peux pas garder vos histoires, elles ont trop vu de notre monde ; c'est trop dur de voir le prix que vous avez payé pour une vie digne.

Je peux pas me regarder dans un miroir, je peux pas regarder le monde en face et ne pas vouloir le mettre sans dessus dessous ; je voudrais renverser les tables, les chaises, les systèmes, tout ce qu'il faut. Je cherche juste un brin d'humanité. Un peu de chaleur humaine, un clin d’œil, un frisson de solidarité, un bol d'amour, une cuillère à soupe de légèreté et une pincée de plaisir.

Rien qu'un regard fraternel.

Le monde est soudain devenu froid. Le couvercle s'est refermé sur moi.

Je peux pas digérer vos histoires. Oh oui, je voulais savoir. Mais maintenant ? Je suis qu'un brin de lumière dans l'univers, les bras ballants. Je sais pas quoi faire, je suis figée, c'est trop pour une seule personne.

L'impuissance résonne dans la pièce comme un mensonge qui ne tiendrait pas la route.

J'ai compris que je pouvais pas sauver le monde ni prendre un peu de vos valises, les miennes emplissent déjà la gare quand je rêve de liberté et de légèreté.

Depuis combien de temps n'ai-je pas ri ?

Je me détruis. Je ne dors pas bien la nuit. Les mots m'échappent et les émotions se terrent. Il y a une forêt tout entière en moi, une forêt sacrée que j'avais oubliée et où je peux me régénérer.

Les pièces du puzzle de mon âme semblaient s'assembler mais les dés sont jetés à nouveau. Je soupire.

Il y a dans l'air tout ce que les mots ne pourront pas dire. Quelque chose de lourd, d'indéfini et de triste aussi. Je m'appuie sur le bord de la barque en bois. Le vent caresse mon visage d'un doigt tendre.

C'est le début d'un long voyage. Mes pensées font des sauts de puces. Je réalise que les mots et les larmes ont apaisé les tourments de mon âme.

La barque heurte le rivage. Tu te retournes vers moi. La forêt commence ici et j'ai la permission d'entrer. Tu m'attendras.

Je pose mes pieds nus dans la terre, brûle mes dernières chimères, mes derniers relents d'impuissance et les fantômes qui hantent encore ma conscience ; j'avance.

Je pénètre la forêt, laissant les souillures et les blessures sur le bord du fleuve, qui les emportera. Je renaîtrais ce soir, loin de ce monde.

J'ouvrirais d'autres yeux ce soir, loin du visible.


Maéli

 
 
 

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