Tout un monde entre nous
- Maéli
- 9 nov. 2019
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 janv. 2022
Le froid de l'hiver enveloppe mes jambes. Je chavire un peu, le cœur serré. Démarche chaloupée. Le soleil brille, derrière les nuages ; derrière son rideau.
Le froid fricote avec mon cœur et l'automne pose ses valises. Les arbres se déshabillent, se parent de rouge, de jaune, de marron. Les feuilles dansent dans le vent, en hommage à cette vie qui s'arrête et qui recommence sans cesse.
Je tiens mon sac tout contre moi et je croise les bras pour fermer mon manteau ; il est trop grand et ça fait un moment que j'ai perdu les deux premiers boutons.
Je pense à ma manie de porter des habits toujours trop grands, alors que je suis toute menue. C'est comme si me noyer dans mes fringues, c'était un gage de sécurité, et de protection. Je me sens moins exposée aux regards.
Ces pensées se superposent à cette émotion qui me prend le cœur et tisse sa toile dans ma cage thoracique. Cette émotion qui me suit de la chambre au salon ; du matin au soir.
J'aspire à un café et à des voix familières, pour un peu de réconfort.
Je pense à toi, je pense à nous. On était inséparables, n'est-ce pas ? On vient du même endroit, n'est-ce pas ? On a grandi ensemble, hein ?
Quand je te regarde, je vois un petit peu de toi ; il y a ma sœur, cette partie rassurante, quelque part, qui fera toujours le même type de blagues et il y a cette étrangère, qui s'enferme dans sa chambre, part sans rien dire, refuse de répondre et dit à peine au revoir.
Mon cœur fait naufrage, quelque part dans l'océan indien ; quelque part tout près de l'Antarctique. On habite sous le même toit et on vit sur des planètes différentes.
Le feu piéton passe au rouge et je m'arrête. Un regard à mon téléphone. J'arrive pas à m'arrêter sur une chanson, je suis indécise ; j'arrive pas à mettre de mots sur tous ces sentiments qui m'habitent. Un souffle, un peu de fumée - ah l'hiver, mon doux hiver, qui vient m'offrir des soirées sous la couette et des tisanes bien chaudes, tu te fais pressentir- et je repars.
J'ai tenté de tendre la main, de jeter des bouées à la mer, de construire des ponts et je me heurte au même mur ; sans cesse. Je suis fatiguée et pourtant, j'arrive pas à me résigner ; à me dire que je devrais me contenter de tes silences et de tes "humhum" en réponse à mes questions. J'arrive pas à me dire que je devrais juste arrêter d'essayer d'obtenir une connexion avec ma soeur.
Mes épaules se baissent. Je cherche le bon numéro de la rue Thiers.
Oh ma soeur, tu me manques.
82, 84, 86 et je suis arrivée.
Je me sens vulnérable au milieu de ces arbres qui se dénudent et j'entre dans le hall de l'immeuble. J'essuie mécaniquement mes pieds sur le tapis et je m'engouffre dans les escaliers.
Aujourd'hui il y a des kilomètres entre nous mais je me sens presque plus proche de toi que quand nous étions à la même table.
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