T'es revenue ?

T'es revenue ?

Je soupire. Les pensées se font la malle et il ne reste plus que moi et moi. Moi, la feuille de papier et ce stylo plume dont j'ai tant rêvé.

Les mots coulent à nouveau. J'aimerais croire qu'on est réconciliés, j'aimerais croire que c'est bon, on ne se quittera plus jamais. La blessure a cessé de brûler et je suis là, n'est-ce pas ?

On a fini de se regarder en chiens de faïence et de se fuir.

Je suis là.

J'inspire, j'expire. Je lève le regard, pour voir au travers la fenêtre ; je cherche un nouvel horizon. Sans mon cœur et sans les mots, ma vie tenait pas la route. Il manquait des étoiles dans le ciel quand on faisait l'appel, le soir.

J'attendais qu'une bombe explose sous mes pieds avant d'appeler à l'aide. J'attendais de sentir mes entrailles voler dans la pièce avant de demander un coup de main, pour ramasser tout ça. Pour recoller les morceaux.

Il m'a fallu voir mon univers s'effriter pour m'asseoir à nouveau et accepter de prendre la main tendue des mots. Pour décider que c'était fini et que j'allais pouvoir écouter mon cœur à nouveau.

T'avais plus confiance ?

Tu rigoles ? Comment tu voulais que je fasse confiance après ça ?

Je croyais que mes mots, c'était la voix de mon cœur. Je me suis pris un mur dans la tronche quand j'ai compris qu'avec mes mots j'avais construit des illusions, que j'avais bâti ma propre prison.

Une pie passe derrière la vitre. Elle sautille sur le toit des voisins. Tout va bien.

Je souris.

Mais c'est bon, aujourd'hui, je me suis pardonnée. Et on s'est retrouvés, n'est-ce pas ?

Je hoche la tête dans le silence et les anges murmurent au creux du vent. La musique s'emballe et mon cœur s'expand.

Dire qu'il était là tout ce temps...

Je pose mon stylo. Cette fois, je ne me demanderai plus quand je reviendrais. Demain, après-demain. Bientôt.

J'ai retrouvé mon trésor et conjuré la malédiction.

Plus besoin de jeter des sorts pour dormir demain, pour ne pas avoir peur du futur, mon trésor bat si fort que tout va bien.

Maéli