Les histoires d'amour qui déconnent

On se regarde dans le miroir, les traits tirés. Je te vois comme à travers une baie vitrée. Je te vois t'inquiéter ruminer tourner en rond ; je te vois même pleurer, le soir, quand tu crois que personne ne te vois.

J'ai la rage au bide.

Il y a ta voix qui me parvient, au loin ; comme un écho. Tu lèches tes blessures, tu te retires du jeu pour un moment, tu me dis je peux pas je peux pas, c'est trop dur. Je veux plus le revoir mais je peux pas lui dire, pas comme ça. J'ai trop de respect.

J'ai envie de hurler la colère qui m'habite.

Comment on en est arrivés là, dis-moi ?

Putain, tout ça c'était du kiff : des sourires, de l'amour, des jeux et des vacances. Et puis l'amour encore et encore et les histoires bizarres et les insultes et les je te réponds pas et la bande entière qui te lâche et toi qui me répète en boucle je peux pas.

Dis-moi à quel moment ça déconne les histoires d'amour ?

Dis-moi pourquoi on continue à faire les choix qui nous font souffrir, encore et encore ?

Pourquoi c'est si dur de laisser partir la blessure pourquoi on s'accroche comme des moules à nos rochers alors qu'on crie au monde entier qu'on est libres et qu'on va de l'avant, pourquoi c'est si difficile de laisser partir quelqu'un qu'on a aimé ?

Quand je te vois comme ça, toute recroquevillée, ma vision se floute et tu n'es plus devant moi, mais les souvenirs ont pris le pas sur le présent. Je les sens rebondir dans tout mon corps et j'ai la rage de ce que je n'ai pas dit j'ai la rage de comment ça s'est fini et j'ai encore cette rage de ne pas savoir les laisser partir.

Je les ai appelés mes étoiles, mes anges, mes fantômes ; mais je sais bien qu'ils ne sont plus que des souvenirs, que pour eux je n'existe plus vraiment ou alors très loin.

Est-ce qu'on est vraiment obligés de se sentir éternellement liés, éternellement coupables, endettés, ignorés, par rapport à ceux qu'on a aimés et qui on pris un autre chemin ?

Tu me dis que l'amour ne s'en va jamais vraiment et je voudrais bien y croire à ton histoire, mais l'amour c'est pas de se faire souffrir sans fin.

Et je te répète encore une fois que tu ferais mieux de lâcher ton sac et de mettre un point plutôt que d'attendre que ça se finisse tout seul. Et je te répète de ne pas faire les mêmes erreurs que moi et de retrouver ta liberté.

Puis, je me rappelle que tu n'es pas moi.

La colère et le chagrin pulsent dans mes veines à un rythme régulier. Ils se sont réveillés. Mais cette fois, plutôt que de prendre la route vers le passé avec eux, je les laisse rouler ; moi je suis dans le train pour l'instant.

J'aimerais frapper les tambours des chamans contre mon coeur pour sentir mon corps vibrer, encore et encore, pour sentir la puissance de l'instant. Pas chassé, j'ai laissé la colère et le chagrin derrière moi.

Maéli