La bombe est dans le salon

La bombe est dans le salon. Ça y est.

Un coeur s’ouvre et un autre se ferme.

Tu veux que je te dise quoi ?

Je cligne des yeux, encore et encore.

Mon coeur clignote, mon cerveau est parti ailleurs, dans une autre pièce, peut être. Je ne sens plus rien. Je ne suis pas là, de toute façon.

Ça n’arrive pas à moi. Je vais me réveiller, sortir du film, saluer les acteurs. C’était dramatique, mais tout va bien.

Mais tu me regardes droit dans les yeux et tu me dis que tu seras là pour moi, que tu m’aimes et que tu voudrais être toujours là pour moi.

Ah bon ?

J’ai si mal.

La tristesse s’est logée dans mon coeur et elle revient se rappeler à moi, par intermittence. Il faut croire que nous sommes deux, maintenant, en moi.

Il n’y a plus de retour en arrière, n’est-ce pas ?

J’ai le coeur lourd et tu pars demain.

Je ne ressens plus rien. Rien, hormis cette douleur dans mon coeur. Alors ça fait ça, d’être trahi ?

Alors ça fait ça, d’être trompé ?

De se sentir impuissant, pas suffisant, sur le trottoir. C’est con, hein, je n’ai même pas crié, je n’ai même pas pleuré. Le chagrin a élu domicile dans ma cage thoracique et refuse de prendre l’ascenseur pour sortir vers mes yeux.

Je n’ai pas les mots, juste la force d’un coeur qui ne sait plus pleurer. Juste la sensation de ne plus rien sentir, de ne plus rien valoir. Juste un peu de désespoir et d’impuissance; On en sortira plus forts, t’y crois, toi ? C’est marrant, t’as vidé ton sac et je me retrouve avec un poids dans le coeur. C’est si dur à porter.

Il y a des images qui défilent dans ma tête, il y a des questions qui traversent le salon de mes pensées et il y a mon coeur qui a fermé la porte à la joie et à l’amour. Ça va, je peux sourire encore un peu ; ça va, mentir je sais encore faire.

Je suis anesthésiée de l’intérieur, rien à faire.

Je te suffisais pas ? Tu savais ce que tu faisais et tu l’as fait quand même ? Tu savais que ça allait faire mal putain que ça allait me déchirer de l’intérieur, me prendre mon coeur, le jeter sur le sol et lui marcher dessus, mais tu l’as fait ?

Ça valait le coup ? Un peu de plaisir ?

Dis-moi, qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? Dis-moi pourquoi ça m’arrive pourquoi maintenant pourquoi pourquoi pourquoi pourquoi

Mon esprit est bloqué dans cette incompréhension. J’ai des questions mais je ne suis pas sûre de vouloir des réponses.

J’ai abîmé mon ordi tout neuf acheté « en parfait état », manquait plus que ça. La voix de ma maman résonne dans le fond de mon crâne et je ne peux que me demander si elle n’avait pas raison, si au fond, ce n’est pas juste moi qui ne sait pas prendre soin de ce à quoi je tiens, de ceux que j’aime.

Et pourtant.

J’ai donné sans compter.

A quoi ça sert tout ça, hein, dites-moi ?