Je regrette que vous ne m'ayez pas entendue

C'est marrant, même quand on croit avoir touché le fond, on découvre qu'on peut creuser encore plus profond.

Quand on croit que c'est bon, qu'on va rebondir, que tout ira bien, le chagrin surgit à nouveau et nous prend par surprise.

Que je me sens lourde ces derniers jours.

Que je me sens triste. J'erre de la chambre au salon, je garde le silence, celui qui est le dernier rempart avant l'inondation de la vallée.

Je m'assois et prends mes genoux tout près de moi, je m'allonge avec la musique dans les oreilles, j'imagine des torrents se déverser de mon coeur et rejoindre la mer, je me parle avec des mots tout doux comme si ça pouvait suffire à guérir ce monde à l'intérieur de moi qui s'est fêlé, réparer le cratère qui s'est formé ou emporter le chagrin.

Mais ça ne fait rien.

Je regrette qu'on se soit mal compris. Je regrette que vous ne m'ayez pas entendue : c'est trop pour moi. Je regrette que vous n'ayez pas demandé. Je ne suis pas d'accord avec ça.

Je me prends la tête dans les mains et mes épaules sont prises de soubresauts. Je ne sais pas comment je vais me sortir de là, le trou s'emplit d'eau et elle est glaciale. Et j'appelle à l'aide et j'appelle à l'aide et j'attends encore.

Je respire profondément et je prends encore plus conscience de ce boulet qui a tissé sa toile dans ma cage thoracique.

Je regrette qu'on ne se soit pas compris. Je regrette de ne pas pouvoir. En fait non, c'est pas mon taf et je le ferais pas.

Il fait trente degrés dehors mais j'ai si froid que même mon pull ne me réchauffe pas. Je frissonne constamment. Je serre fort mon grigri dans mon poing.

Je n'ai plus faim.

Je ne veux pas de tout ça, en fait. Tournez vous vers quelqu'un d'autre, je joue plus, j'ai même plus l'énergie de faire semblant que tout va bien, alors vous comprenez bien, que vous pourrez pas me convaincre.

J'ai même plus l'envie de faire semblant alors je vais pas vous faire croire que je suis okay avec ça. Je suis KO, les bras en croix dans mon cratère, je suis épuisée d'être en colère contre le monde entier ; je suis épuisée de crier et qu'on ne m'entende pas, je suis épuisée d'en vouloir aux mauvaises personnes.

Même dans cet état, je n'ai plus la force de verser ces larmes qui devraient m'apaiser. Alors je reste là, à faire l'étoile de mer, en attendant d'avoir de nouveau l'énergie de me sortir de là.

En attendant, je vous dirais ce qu'en j'en pense, moi, de ne pas être entendue ni respectée.

En attendant, j'allume une bougie dans mon coeur et je m'y accroche fort.

Maéli