Je chavire
- Maéli
- 27 oct. 2020
- 2 min de lecture
Je chavire sur la plage. La mer lèche le rivage, le vent joueur emmêle mes cheveux, le vent cajoleur caresse mes joues et emporte les derniers grains d'espoirs avec lui.
Le soleil descend à l'horizon et je sais qu'il est temps de rentrer.
La nuit va s'allumer ; avec ses étoiles, les lumières de la ville, le phare du port au loin. La Lune s'imprime déjà sur l'azur orangé, prête à veiller.
Je suis nu-pieds dans le sable humide et j'ai si froid. Je n'ai pas pris de manteau ni de musique. Je n'avais pas pensé que l'hiver allait arriver si vite, je n'avais pas pensé que le chagrin me saisirait le coeur et me ferait frissonner.
Je guette l'horizon une nouvelle fois.
J'en perds les mots, je trébuche dans un entre-deux invisible. Je devrais retourner à la voiture mais je suis immobile. La marée est montée plus vite que prévu dans ma cage thoracique et je suis submergée.
Je n'avais pas prévu que je ne pourrais plus sortir à la nuit tombée, que tu n'allais pas pouvoir accoster au port avant des semaines voire des mois, je n'avais pas prévu que tout ça durerait.
Je frissonne et porte mes bras croisés tout contre ma poitrine dans une tentative de me réchauffer. Je fixe l'horizon et la trajectoire du soleil, comme si c'était un adieu, une dernière fois ; il va falloir rentrer chez soi.
Je ne veux pas renoncer à tout ça.
Je vais devenir folle.
Je frissonne à nouveau et un voyant s'allume sous mon crâne, comme une alarme, une sorte d'instinct de survie qui me supplie de me mettre à l'abri.
Mais je voudrais lui répondre d'une voix qui déraille un peu, d'une voix qui fait écho à la fissure dans mon monde intérieure ; mais à l'abri, pour moi, c'est dans ses bras. Laisse-moi attendre encore un peu.
Mais, à l'abri, c'est d'être libre d'avoir les pieds nus dans le sable à la nuit tombée ; en été, en hiver, sous la pluie et au soleil.
Mais, à l'abri, c'est pour moi de pouvoir regarder l'avenir avec sérénité, loin de toutes les sirènes qui hululent en ville et qui cultivent la peur.
Maéli
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