J'ai levé la tête

J'inspire profondément. L'air du dehors pénètre mes poumons pour la première fois depuis dix jours. Je me tiens debout, au milieu de la rue, des bruits et du silence ; debout et le vent frais caresse ma peau.

Le froid se tortille et se fraie un passage jusque sous ma peau.

Je mets mon poids sur une jambe. Puis sur l'autre.

L'attente.

Les visages masqués, les visages apeurés ; les traits tirés. L'attente.

Tu as mis ton casque pour te protéger les oreilles du froid. La musique résonne dans tes oreilles et bat dans tes veines et il semble ne rester plus que moi.

J'inspire, j'expire.

L'attente, le froid, toi dans ton univers, tout ces gens qui font la queue, les bâtiments gris qui respirent la mort et l'attente encore et maintenant ; tout s'entrechoquent. Mais je suis dehors et j'expire la vie l'air le vrai. J'inspire l'instant.

Et la neige se met à tourbillonner autour de nous. Le sol est déjà blanc depuis ce matin.

Mais le monde tourne et la neige descend recouvrir nos peurs et nous promettre des jours meilleurs.

Et je lève la tête et je lui offre mon visage. Un fragment d'instant et la neige danse danse danse devant mes yeux et semble se dessiner un ballet silencieux ; une valse fragile et éphémère.

Un camion est sorti du garage derrière. Une musique hypnotisante résonnait des enceintes dans la rue. Un bruit de basse sans âme comme on sait si bien vendre pour de la musique ; mais le corps est une caisse de résonnance et le temps d'un instant je l'ai senti battre dans mon corps.

La neige, le son, l'instant.

J'ai levé la tête, ouvert les yeux et la vie m'a offert sa magie.

Merci.