Comme une moule à son rocher
- Maéli
- 19 avr. 2020
- 1 min de lecture
Dis moi, pourquoi est-ce que le passé rejaillit comme ça, sans crier garde ?
Pas de panneau attention, aucun signe sur la route.
Tu m’as dit je joue avec des amis en ligne. Ça m’a pris à la gorge, un pot de peinture a dû tomber d’une étagère en plein sur mon visage ; une porte s’est ouverte, là, à l’intérieur, dans ma cage thoracique.
Il y a comme une tristesse immense, une marée et une tempête qui font rage entre mes côtes. Un chagrin prisonnier depuis des années. Les souvenirs se sont télescopés sans prévenir.
Tu es devenu quelqu’un d’autre, quelqu’un qui devenait violent après avoir joué en ligne trop longtemps ; quelqu’un dont les écrans absorbaient toute attention et toute humanité. Les ondes de cette violence ont fait frissonner mes cellules.
Je me suis roulée en boule. Même les déchets remontent à la surface disait Fauve. J’aimerais l’astiquer à en être épuisée, cette surface, pour que ce chagrin s’en aille enfin, pour faire partir cette marque sur mon cœur qui saigne, putain qui saigne.
Cette marque qui pleure, putain qui pleure.
Y a ma douleur qui s’accroche comme une moule à son rocher, j’essaie de lui murmurer qu’il s’agit de deux personnes différentes, que le passé est passé mais l’écume s’éclate sur la roche dans des grondements qui couvrent ma voix.
Je me renferme dans mon coquillage. J’aimerais desserrer le point et laisser le souvenir le chagrin et la souffrance partir dans le courant.
Et une fois l’orage passé, je pourrai savourer mon cœur apaisé, comme un soleil chaud entre mes côtes.
Maéli
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