Istanbul.
Le nom résonne dans mes oreilles comme le son de cloches au petit matin.
Istanbul à la croisée des continents, des histoires et des convoitises.
Istanbul qui nous accueille au milieu de la nuit, épuisés mais contents.
Même à 2h du matin, la rue est animée. Nous traversons une grande place où papotent des amis autour de magasins ambulants, d’autres personnes ont installé des commerces à la sauvette, leur produits disposés sur une couverture. Nous croisons des piétons, hésitons à acheter une pastèque mais la fatigue et l’envie d’arriver sont plus fortes que l’émerveillement.
Istanbul c’est ta main au creux de la mienne, une chaleur étouffante et une ville pleine de trésors, d’ambiances, d’échoppes et de visiteurs.
Les rues grouillent de monde, tout particulièrement la rue Istiklal qui ressemble à un boulevard pour piétons. La foule y est dense et si nombreux qu’on entend presque un brouhaha, une sorte de bruit de fond généré par tant de gens qui circulent dans un même espace.
A ces bruits s’ajoutent ceux des musiciens de rue, des vendeurs de glaces turques déguisés en un costume folklorique qui questionne les fantasmes du tourisme et le cognement de leur espèce de baton métallique avec lequel il travaille cette glace particulièrement élastique.
Je me sens vite étouffer sur cette rue passante et nous prenons des chemins de traverse. Ce sont des instants fugaces comme ceux-là qui me fendent le coeur. Ils me ramènent à Beyrouth et me rappellent à quel point la vie est éteinte là-bas.
Istanbul me fait oublier les problèmes d’électricité, mes millions de livres dans mon sac, l’absence d’éclairage public la nuit dans les rues et la tristesse ambiante qui plane partout dans la ville.
Mais la crise a fait sa niche ici aussi. Le cours de la livre turque a diminué drastiquement ces derniers mois et il suffit de s’asseoir dans un kebab qui a laissé la télé allumée quelques instants pour n’entendre parler que du coût de la vie, de vol ou d’autres tristes nouvelles. Pas besoin de parler turc, les images parlent d’elles-même -et je me demande si les journaux de vingt heures du monde entier n’ont pas une ligne éditoriale commune : parler de ce qui ne va pas. Quid des solutions des innovations de l’espoir de l’humanité que nous partageons tous et de tout ce qui nous rassemble et rend nos vies meilleures ?
Les taxis klaxonnent et le trafic mériterait quelques pages à lui tout seul.
Je savoure le fait de reconnaître des mots en turc « otantik », « teknik », « taksi », « servis », « kanalisasyion ». Je souris de l’orthographe si simple où chaque lettre semble faire un son. Ces mots sont marqués de l’histoire d’une langue passée dans les années 20 de l’alphabet arabe à l’alphabet latin.
Le monde est plein de symboles.
La langue turque est chantante et joueuse. Des mouettes survolent la ville et les chats semblent en être les vrais habitants. Ils sont partout : dans les vitrines, roulés en boule sur les sièges des cafés, dans des petits abris dans la rue…
Istanbul, c’est comme un bol d’air frais et parfois un voyage dans le temps. Je serais restée des jours entiers allongée sur la moquette de Sainte Sophie, à sentir l’énergie de siècles de prières musulmanes et chrétiennes.
Istanbul, c’est aussi la fraîcheur des embruns sur les rives du Bosphore, le ronronnement du bateau qui nous emmène sur la rive asiatique, les drapeaux turques qui flottent au vent au loin, bien visibles, les minarets des mosquées qui s’élancent vers le ciel.
Istanbul qui a régalé nos papilles, fait briller nos pupilles, nous sommes partis pour revenir.
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