top of page

La montagne

Semaine 2. Chaîne de l'anti Atlas.

Ça fait des heures qu'on roule dans la montagne.

On s'enfonce plus profondément dans l'anti-Atlas. Les villages sont des amas de toits plats aux maisons couleurs sables, dans le creux de la vallée. On les aperçoit de loin. Certaines maisons ont des couleurs plus voyantes que d'autres et tu me dis que ça, ça ne se devrait pas se faire, que ça, ce sont des nouvelles demeures et que tout ce que cela montre, c'est qu'elles ont été construites par des gens qui ont de l'argent. Moi, je trouve ça joli et c'est vrai que je ne me rends pas compte de ce qu'elles renvoient, pour des gens d'ici. Tu me dis qu'on devrait mettre des normes pour préserver l'homogénéité architecturale des villages traditionnels.

La fenêtre est ouverte et la voiture roule sur des routes désertes. Nos seuls compagnons sont parfois les moutons qui paissent ou les chameaux qui se nourrissent.

On s'arrête pour prendre une photo. Je reste sans mot devant la nature qui s'étend devant nous, les bras grands ouverts. Ici, tout est vert, incroyablement vert. On a même commencé à voir pleins de plantes jaunes -d'un même jaune que. le colza- et tu me dis que le bétail s'en nourri.

Tu commences à discuter avec le propriétaire des chameaux. Sa peau est tannée par le soleil. Il a une jellaba bleu nuit avec des rayures d'un bleu plus clair. Son visage est protégé par un tissu enroulé autour de sa tête. Le soleil tape. Le vent souffle. L'altitude fait qu'il fait encore frais, mais la température augmente de jour en jour à Taroudant, plus bas, plus loin, à au moins trente minutes avant l'entrée de la vallée.

Le propriétaire des chameaux nous invite tout près de ses animaux. Ils ont l'air paisibles. Une maman et son petit. Ils sont en liberté, gardé par leur propriétaire. Le reste du troupeau doit être un peu plus loin.

De l'autre côté de la route, ce sont des moutons qui broutent sans faire de bruits. Leurs toisons sont couleurs sables ou marron foncés, presque noir.

Nous remontons dans la voiture et tu me dis que ce sont des Sahariens qui remontent pour nourrir leurs bêtes. Avec la sécheresse, la végétation du désert se raréfie et ils doivent monter jusqu'ici pour se nourrir. Cela rajoute une pression supplémentaire sur les arbres -notamment l'arganier, un arbre qui ne pousse qu'au Maroc- alors même que c'est leur période de régénération.

Le paysage et les habitudes sont entrain de changer avec le climat. L'incertitude flotte dans l'atmosphère. Tu me dis que c'est bientôt la fin de la période de transhumance, que les Sahariens repartiront bientôt.

Le paysage change, les camaïeux de roches et de couleurs se dessinent sous nos yeux et j'aimerais tant arrêter le temps, m'assoir sur une roche et absorber le paysage dans mon coeur, le mettre dans un tiroir, quelque part, pour que je puisse y accéder n'importe quand. Il y a comme une paix immense qui enrobe tout mon corps.

Mais, nous roulons, toujours plus loin dans la vallée, la route bitumée disparaît bientôt et nous nous engageons sur une portion de route faite uniquement de cailloux. Nous dépassons un homme à pied avec son âne chargé. Les amandiers sont en fleurs, le soleil est haut dans le ciel et je crois que la montagne a envoûté une partie de mon âme.


Posts récents

Voir tout
bottom of page