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Arazane

Dernière mise à jour : 17 avr. 2023

Semaine 2. Arazane.


Il fait chaud. Deux heures que j'attends le taxi sous le toit de tôle. C'était pas prévu que ça prenne si longtemps. J'ai beaucoup transpiré, au début et puis, plus maintenant. Soit mon corps s'est habitué, soit la chaleur est retombée.

Je vais dans le village d'Arazane, à une trentaine de minutes d'ici en voiture. Je suis à la gare routière, ce grand parking avec des dizaines de voitures type Kangoo blanches et vertes ou jaunes et blanches. Comment je navigue dans ce dédale de voitures, pour la plupart vides ? Je dis "Arazane" et on me montre quel chauffeur m'emmènera à destination. On peut difficilement faire plus simple et plus informel.

C'est assez pratique ici, il y a un système de taxis collectifs. On se pointe à la gare routière, on prend place dans le taxi, dès qu'il est plein, c'est-à-dire dès que nous sommes six, on paye et c'est parti. Pour aller à Agadir, je n'avais pas attendu plus de dix minutes.

Deux heures. A lire, à se demander si je n'allais pas repousser l'opportunité, à me dire "est-ce que c'est une bonne idée ?" ou "est-ce que je vais réussir à rentrer ?". C'est pas bon pour la partie de moi qui n'aime pas être en retard.

Mais, finalement, nous sommes tous dans la voiture et la route se déroule sous mes yeux. Les montagnes, les arganiers, les cyclistes sur le bord de la route, l'oued. Mon nouveau chez-moi, aux nouvelles couleurs, celles du sables et de la sécheresse ; aux nouvelles saveurs, celles d'un thé fortement sucré, des tajines et des couscous.

Je suis arrivée, tu m'attendais - j'avais un peu peur que tu ne sois pas là. C'est ça, parfois, la vie loin de chez soi : faire le saut dans le vide, le pas de la confiance. Parfois, on se plante, parfois, on s'envole. J'ai sauté et j'ai rencontré une famille.

Vous m'avez montré la ville : son potier, son fermier, son ryad, son forgeron, ses plantations, ses femmes qui préparent les douceurs de Ramadan. J'ai voyagé dans le temps.

Tu connais cette sensation dans ton corps qui t'enveloppe et te tient chaud ? Celle que tu irradies parfois ? Tu connais ce calme qui te prend de la cage thoracique jusque dans toutes les cellules de ton corps ?

Je crois que ce sont les montagnes et le ciel bleu qui s'impriment en moi, je crois qu'elles ont touché mon âme et mon coeur et tout mon être entier et qu'il se passe des choses entre elles et moi qu'on ne peut voir. Je crois que la nature ici guérit mon coeur.

Vous aviez préparé un pique-nique, avec du thé et tellement d'autres choses d'ici. Vous aviez tout pensé pour que je sois à l'aise, pour que je me sente chez moi. Et vous avez réussi.



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