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Parenthèse dans la Bekaa

La nuit est tombée sur la ville et je suis étendue sur mon lit.

Je songe au décompte des jours qui passent et qui m'emmènent toujours plus près du départ, je me laisse porter par le ronronnement de la ville et la paix dans mon coeur.

J'inspire.

Je dors avec les fenêtres et les rideaux ouverts pour laisser passer de l'air. Pourtant, je crois que c'est bien la première fois que je vois des étoiles dans le ciel. Ne les avais-je pas remarquées auparavant ?

Elles sont toutes petites et brillent timidement. Mais elles sont bien accrochées dans le ciel et elles me rappellent mes insomnies estivales et mes heures à leur murmurer des rêves.

C'est l'avantage de ne pas avoir d'éclairage public.

La ville dort et je crois que je suis entrain de dire au revoir à Beyrouth. Au revoir, au Liban.

Je ne suis pas sûre d'être prête. Ça s'est fait presque malgré moi, je crois.

C'est parce que je suis retournée à mon point de départ, à la porte d'entrée de mon stage.

Avec un ami, nous avons pris un van dans la nuit pour aller dans une parenthèse au milieu de la Bekaa. C'était une grande maison dans laquelle vivent des Français et des Libanais qui ont construit une ferme école sur un terrai à cinq minutes à pied avec des amis syriens qui y habitent ou qui résident dans le village.

De sacs de graines et un terrain, ils ont fait pousser un jardin entier. C'est l'histoire de gens qui vivent ensemble, qui ont mis les mains à la terre et qui ont appris à parler des languages communs pour créer.

Cet endroit, c'était ma porte d'entrée pour le Liban. L'endroit où je voulais vraiment aller, la vision que je voulais nourrir et de laquelle je voulais tant apprendre. Une parenthèse sur une terre qui part en fumée, une fumée incolore mais nauséabonde.

Ça s'est joué à un cheveu.

Et en te voyant évoluer, toi qui a eu la place que je convoitais, je n'ai pu m'empêcher de me dire que cela aurait été tellement plus simple, tellement plus sain, ici. Je n'ai pu m'empêcher d'avoir le coeur un peu pincé et de me dire "et si".

Mais d'une porte qui se ferme, une autre s'est ouverte grâce à l'entretien que j'avais passé. Je vois la fin, je vois clair dans mon coeur et il n'y a pas de regrets.

J'ai quitté la ferme et, en un même instant, j'ai aussi quitté le Liban.

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