Instants défragmentés. Moments volés. Sensations fugaces.
Les traces de pieds d’un enfant dans le ciment. Le vent qui souffle. La muraille centenaire qui s'effrite sous ses caresses.
Un enfant qui lance ses tongues depuis la rue et qui essaie de les envoyer sur le toit. En même tps, il parle à sa maman qui est à la fenêtre, cachée par le grillage en ferronnerie. Ils crient tous deux des mots que je ne comprends pas. La tongue qui retombe et l'enfant qui la relance.
Les gens qui me disent bonjour (c’est le chapeau que j'ai sorti ? C’est le soleil qui rend les gens bavards?) au point que je finis par me sentir comme si c’était moi, l’attraction touristique.
Je ne sais pas s’il faut répondre. Parfois, on me le dit en me dépassant, en rigolant ou en me regardant droit dans les yeux. Je n’ai pas le code pour ce langage.
Je n'y échappe pas à cette sociabilité que je ne comprends pas. C'est de la drague ? De la politesse ? De la tchatche ?
A leurs yeux, je serais toujours une étrangère ? Toujours une fille facile ?
Les questions sont comme des vélos dans la descente, elles roulent sans qu'on ait eu besoin de pédaler, elles s'échappent.
Le hammam. Les bruits de voix qui résonnent entre les murs carrelés, l’eau que l’on asperge sur les corps, la transpiration qui perle sur nos peaux. Les corps nus, les frottements de nos gants sur la peau, les potins échangés, les enfants qui pleurent.
Les ruelles. Mon appareil photo autour du coup.Les points d’interrogation m’accompagnent au cours de mes périples. La photo de voyage est-elle une forme de voyeurisme ?
Eh Madame ! Instagram !
Est ce parce que je suis seule ? Parce que je suis une femme ? Parce que j’ai 25 ans ?
Dans leurs regards, qui je suis ? Un porte feuille ? Un visa ? Une expérience exotique ?
Un vieux monsieur avec sous le bras un coussin fait de sacs industriels sous le bras. Sa canne. Il s’arrête, pose son coussin sur un muret et s’assoie. Il regarde la vie circuler.
PS : Photo prise à Rabat.
Je prends un peu de retard en ce moment, j'essaie d'y remédier.