Je respire. Je sens la chaleur atteindre mon corps par vague. Je crois que je transpire par intermittence. Heureusement, il y a du vent aujourd'hui. Mais c'est un temps à rester enfermé chez soi et à faire l'étoile les pieds en épouvantail sur mon lit. C'est un temps à se laisser fondre comme une glace sortie du congélo.
Il y a une clim' mais elle est cassée. dégâts des eaux. Et puis, avec deux heures d'électricité par jour, je peux aller me brosser pour un peu de froid.
Je crois que mon corps s'habitue, que j'ai pris l'habitude de ne pas sortir aux heures de grosses chaleur, aux heures où mes batteries fuient et mon corps fonctionne au ralenti. Les pétards résonnent dans la rue à intervalles régulier. Depuis jeudi, c'est le festival. Je voudrais me rouler en boule, m'isoler de ce monde ; mais si je ferme la fenêtre, je n'aurais plus d'air et passé cinq minutes, j'aurais besoin de la rouvrir.
Un générateur ronronne dans la rue. Les magasins sont fermés. On a voulu changer de l'argent et on s'y est pris tôt car je sais qu'après cinq heures, la plupart des magasins ferment. Pas d'électricité du gouvernement ça coûte cher, d'avoir un générateur, quand on peut s'en payer un. J'ai vu toutes les devantures fermées et mon malaise est monté en flèche. Je pensais que j'avais assez pour passer le week end et qu'on pourrait changer ton argent facilement, mais j'avais oublié que c'est l'aid al-adha.
C'est l'aid et les enfants font exploser des pétards dans la rue depuis jeudi soir. C'est l'aiderais et la plupart des gens ne travaillent pas jusqu'à lundi soir. C'est l'aid et j'ai passé un temps fou dans le taxi pour aller te chercher à l'aéroport à cause des embouteillages. Les Beyrouthins ont fui la ville pour faire la fête en famille.
Je me sens bête.
Ça me rend dingue.
J'ai 200 000 livres libanaises mais avec ça on ne peut rien faire. Tu es venu les poches remplies de liquide, j'en ai aussi, rangé dans une petite cachette dans mon studio, nous avons de l'argent sur notre compte ; mais c'est comme si nous n'avions rien.
Aid Mubarak à tous,